Pensées, réflexions, citations

Jean VILAR : Un poète et tout sera sauvé. Pour longtemps.

Eugène DELACROIX :Rendre la matière rebelle pour la vaincre avec patience.

HEGEL : ce dont un esprit se satisfait, on mesure la grandeur de sa perte.

Louis ARAGON : L’homme qui vit très seul a parfois un besoin insensé de la multitude humaine.

Il n’y a pas de vérité historique.
Il y a l’histoire qui est une science et la recherche de la vérité qui est une attitude libre-exaministe.

Robert SCHUMANN : Qu’est-ce d’autre notre vie qu’un accord de septième diminuée plein de doutes, qui porte en lui des désirs insatisfaits et des espoirs insatiables ?

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A propos de Count Basie :

Pascal QUIGNARD : Sa main gauche était une pure détente. C’était une percussion douloureuse, d’une efficacité insensée sur l’âme.

Freddie GREEN :; Le swing est ce point que vous atteignez quelquefois, quand chacun va avec les autres : la rythmique, le solo, l’ensemble. S’il manque un seul élément; quelqu’un pourrait dire : “c’était bien mais ils ne swinguaient pas”

Jo JONES. : Ce que j’aime ? Les gens qui jouent juste et dans le tempo.

Ces citations sont extraites d’un ouvrage magnifique qu’il faut avoir lu : Le Roman du Jazz (plusieurs tomes)
par Philippe GUMPLOWICZ
. Chez Fayard.
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Lu dans la revue Jazzman de juillet 2008, quelques réflexions de Brad MEHLDAU :

La véritable originalité ne surgit jamais dans un vide historique, elle est invariablement reliée à quelque chose qui a déjà existé.

Si le jeune créateur donne une mauvaise interprétation de ses maîtres, c’est parce qu’il refuse de se laisser enfermer dans leur logique.

Aujourd’hui, spécialement en ce qui concerne l’harmonie, on est arrivé au bout de l’histoire, plus rien ne peut plus être inventé, on ne peut plus que faire avec ce qui est déjà là. Ce qu’il nous reste, comme champ d’action, c’est composer avec ça, trouver de nouvelles compositions, de nouveaux agencements, non plus faire progresser le langage dans les formes, mais l’infléchir de l’intérieur, par la pratique.

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Extraits de JazzMan de mai 2011. Interview du batteur Aldo Romano : 

Le show est une dimension qui manque au jazz. Si on excepte quelques grands noms comme  Armstrong ou Miles qui ont réfléchi à la projection de leur image sur scène, le monde du jazz, en Europe, est resté très timoré sur le sujet. Comme si on avait un peu honte de cette exhibition, comme si c’était de mauvais goût de se montrer.

C’est dommage. Le  public, qu’on le veuille ou non, a besoin de sacraliser l’artiste qu’il est venu écouter. C’est important de se mettre en scène.

Il y a aujourd’hui une foule de musiciens de grande qualité. On leur reproche d’être dans l’imitation. Mais c’est une absurdité. Il faut imiter. Les génies, il y en a quatre dans le siècle. Ce n’est pas parce qu’on méprise la tradition qu’on est forcément un créateur. Ca arrange pas mal de monde de dire que jouer Giant Steps est dépassé. C’est une façon confortable de ne pas s’y confronter.

Je n’ai pas peur de me répéter. Ca m’ennuierait de m’apercevoir que je suis en train de bégayer. Mais en même temps, on a toujours le même ADN. Ce n’est pas se copier que de se réveiller chaque matin et de se retrouver peu ou prou identique à ce qu’on était la veille. On est incarné d’une certaine façon. Pourquoi se forcer à être un autre.

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Lu dans Jazz Magazine de mars 2015 :

Don Moye, Le légendaire batteur de l’Art Ensemble Of Chicago : Avoir la confiance et le respect du public, cela se construit. Dans le jazz, on a tendance à ne pas penser assez au public, à se positionner en «artiste», et souvent sans se préparer ! Il faut être dans l’échange.

Lu dans Jazz Magazine de février 2017. Interview du chanteur Kurt Elling qui parle de Frank Sinatra.

Sinatra ! Le maître incontesté et insurpassable. Il a posé les bases en termes d’esthétique, mais aussi d’exigence et de qualité de ce genre typiquement américain qu’est «la chanson swing populaire».

Personne ne peut s’engager dans ce répertoire sans se référer à lui d’une façon ou d’une autre.Sa voix, sa personnalité, la fluidité de son phrasé, son sens du rythme, sa façon d’envisager conjointement la mélodie et le sens des paroles pour projeter une émotion avec cet usage révolutionnaire du microphone.

Sinatra a tout chamboulé dans la musique populaire. Les chanteurs qui ont eu la malchance d’être ses contemporains sont tous tombés dans l’oubli parce qu’il les a immédiatement ringardisés, quel que fut leur talent.

(A l’écoute de Mood Indigo (In The Small Hours, Capitol 1955) : écoutez, c’est tout simplement parfait : la puissance et la qualité de l’orchestre, la subtilités des arrangements de Nelson Riddle, la façon extraordinairement naturelle et sophistiquée dont la voix s’impose dans cet espace, tout est incroyablement organique. Un jeune chanteur, aujourd’hui , a tout à gagner à humblement mettre ses pas dans ceux de Sinatra. Pas pour l’imiter mais pour chercher à comprendre de l’intérieur son art unique de l’interprétation.

En ce qui me concerne, je cherche encore à démêler le mystère de son phrasé si fluide et naturel, mais ce qui me fascine le plus chez lui c’est sa façon de constamment prendre en charge la musique, de diriger en quelque sorte l’orchestre à partir de sa voix : c’est lui, son sens du swing, sa personnalité qui donnent le tempo et la couleur de la musique, jamais le contraire.

Pour exister face à un big band, il ne faut pas s’excuser d’être là, il faut assumer sa position. Très peu de chanteurs ont le charisme, le talent et l’expérience pour supporter cette pression. Sinatra avait toutes ces qualités.